A l'école, l'histoire et la géographie constituaient une seule et même matière, enseignée par un seul et même professeur. Pour l'anecdote, je me souviens d'un de ces enseignants, natif du Biot, que nous avions surnommé "Attila" à cause d'un tic de langage qui lui faisait parsemer ses phrases de l'interrogation "hein?" à de multiples reprises. Ce tic était probablement dû au stress d'une première année dans l'enseignement, mais en bon ados que nous étions, nous ne laissions rien passer...
Bref, tout çà pour dire qu'on retrouvera dans ce chapitre un peu de l'histoire du Biot, et un peu de sa géographie.
Ci-contre la maison des Vulliez sous le n° 14057, 14058 est le jardin, 14060 est un pré.
Histoire-géo (1) ...
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Les deux frères se préparent à se rendre au chef lieu, et s'entretiennent du sujet du jour: la mappe Sarde. La Savoie fait alors partie du royaume de Piémont Sardaigne, et le roi Victor Amédée, après avoir fait cadastrer le Piémont, a décidé de faire de même en Savoie. Deux géomètres et deux trabucants sont chargés des travaux. (Trabucant vient de trabuc, unité de mesure sarde. Il avaient leurs trabucants comme nous avons nos mètreurs)
Les frères Vulliez ne voient pas d'un très bon oeil l'arrivée des géomètres, car le but de l'opération est d'asseoir l'impôt sur une base claire, à savoir la valeur des possessions de chacun, ce qui risque de ne pas les avantager. L'impôt est lourd à porter, et ce sont surtout les pauvres qui en pâtissent. Les nobles et le clergé s'exonèrent volontiers de cette charge, au prétexte de leurs titres de noblesse ou d'autres contournements qu'aujourd'hui on qualifierait d'optimisation fiscale.
Mais les frères Vulliez n'ont pas le choix, ils sont convoqués comme touts les propriétaires pour fournir les indications nécessaires à la délimitation de leurs biens. Ils ont été avertis que les indications fournies par les géomètres seraient retenues en cas d'absence du propriétaire.
Cette première opération va conduire à l'établissement d'une liste (tabelle) de tous les biens de chaque propriétaire, charge ensuite aux géomètres et trabucants d'en établir les mensurations et la valeur. Toutes les possessions sont répertoriées: Maisons, alpages, prés, bois, friches, granges et greniers, jardins et cours. Chaque parcelle se voit valorisée en fonction des capacités de production agricole, de la richesse de la terre, de la vétusté des bâtiments, etc... Sur chaque bien on applique  un coefficient appelé "degré de bonté" de 1 à 3. Par exemple, les pâturages sont de degré 1 pour une production de 2 quintaux, degré 2 pour 1,5 quintaux, degré 3 pour 1 quintal de foin de cheval.
La mappe Sarde est un énorme projet qui va durer 10 ans.
Après la confection du plan lui-même, celui-ci sera présenté à la population qui pourra contester les conclusions dans une boîte appelée "cottet à griefs". Chaque grief sera réexaminé au cas par cas.  
Nous sommes au Biot, dans la maison des frères Vulliez à la Moille, en 1730. Lesdits frères, Jean-Pierre et Pierre-François, ont hérité de cette batisse suite à la mort de leur père Garin-François 2 ans auparavant. Enfin, hérité, pas vraiment puisque le partage n'est pas encore effectué. De toute façon la maison est suffisamment vaste pour loger les enfants de Garin-François.
Jean Pierre est l'aîné, il a 48 ans et il est marié depuis quelques mois avec Pierrette, 25 ans qui lui donnera 5 enfants. Il est notaire collégié.
Pierre François, 28 ans est encore célibataire. Comme son père, il sera notaire, chatelain de la vallée et secrétaire de la paroisse.
Il y a également 3 filles, dont l'une est déjà mariée donc partie, l'autre se mariera 3 ans plus tard, de la troisième on ne sait rien sinon qu'elle est née en 1700.
Tout çà nous fait du beau monde, sinon le haut du panier Savoyard, en tout cas celui du village.