Les jolies colonies de vacances...(suite)
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Les grands enfants
Nous n'avions pas de grand méchant loup, mais pour nous impressionner nous avions Fméri. Ce clochard hirsute à la voix éraillée, voyageur infatigable, réclamant "na gotta d'cidre" à chaque maison rencontrée sur sa route, était tenu pour complètement insensible à la douleur. La mémé nous avait dit qu'il se torchait avec des orties, c'est dire! Et elle en rajoutait, bien sûr, nous faisant nous cacher chaque fois qu'il était en vue...
La légende racontait que Fméri avait été un homme instruit, tombé dans la déchéance suite à une peine de coeur. On aimerait en savoir davantage, mais qui pourra nous conter la véritable histoire d'un gueux?
Ca vient... D'après Fanfois, qui l'a rapporté à ses enfants, Fméri s'appelait Henri Premat; et était natif du Mont d'Evian à St Jean d'Aulps. Son état de santé proviendrait d'une méningite contractée vers ses 18/20 ans. Et tant pis pour la légende...
Le monde est petit: Le Mont d'Evian est le berceau de la famille du côté de mon grand père paternel...
Les années passent...
Mais d'aucuns ne peuvent se résoudre à quitter la vallée d'Aulps de leur enfance. Denis se retrouve donc moniteur d'une colonie de vacances du côté de Morzine. Au cours d'une promenade avec les enfants,  il remarque sur la façade de l'église de Montriond, un coffret, l’ouvre et découvre sous un bouton l’inscription « Angélus automatique ».
On sait que les moniteurs, après leur journée de travail, ont besoin de décrompresser. C'est le but de leurs virées nocturnes.
Le goût de la farce aidant, l'idée de sonner l'angélus en pleine nuit fait l'unanimité.
Las! Il fait nuit, et l'officiant se trompe de bouton...
Et le tocsin retentit dans toute la vallée.
Affolement dans les chaumières, les paysans viennent avec leurs fourches pour éteindre le feu... les pompiers suivent, et les monos se font cueillir gentiment (pas Denis, il court vite), et en fait pas si gentiment que ça.
Scandale chez les bonnes gens, plus de jeunesse, et tutti quanti...
Mis à part les participants et quelques parents proches (et maintenant toi qui lis ces lignes), personne n’a voulu croire que Denis n’avait vraiment  pas vu, sous l’inscription « Angélus automatique », en plus petit, en tout petit, le mot tocsin.
Moralité, une amende qui avoisine le salaire de nos pauvres moniteurs, et des souvenirs pour toute la vie!
Dans la catégorie des grands enfants, on peut aussi parler de Jean François, un soir de bringue, désireux d'en découdre (avec on ne sait qui, la mémoire est un peu floue, allez savoir pourquoi) n'a pas hésité à subtiliser la baïonnette du canon de ce pauvre poilu qui n'avait rien demandé à personne. Depuis lors, et suite à cet incident qui l'a privé d'une partie de son équipement, ledit poilu n'est jamais retourné au combat.